Le célèbre festival international de Cannes rend hommage à d’Afrique du nord en évoquant de poignantes histoires familiales. L’essor du cinéma tunisien joue un rôle croissant dans les échanges culturels internationaux;
Cannes illustre l’essor du cinéma nord-africain
Au Maghreb, surtout en Tunisie, le cinéma connaît une croissance sans précédent. Les salles projetant des œuvres locales se multiplient. Les spectateurs peuvent accéder à une diversité de genres rarement observés auparavant dans la région. Les récits issus des territoires d’Afrique du nord traduisent une vaste richesse encore faiblement exploitée.
La projection du film Promis du Ciel de la réalisatrice Erige Shiri à Cannesn, dans la section Un certain regard du festival de Cannes, illustre l’émergence d’une reconnaissance internationale. Notamment porté par l’actrice Aïssa Maïga, ce film témoigne de la nouvelle perception que le cinéma peut avoir sur les récits propres aux cultures du Maghreb.
Toutefois les aides publiques sont encore très faibles. La réalisation de ces films connaît de grandes difficultés pour des raisons financières. Les investisseurs privés se font rares et la créativité a souvent due être freinée. La durabilité de cet essor est donc questionnable et risque de s’essouffler si aucune mesure n’est prise.
Miroir des transformations sociales du Maghreb
Le cinéma dans cette région ne se limite pas à un exercice artistique. Il remplit une fonction sociale importante en exposant des enjeux contemporains propres aux sociétés nord-africaines. Les inégalités sociales, la place des femmes dans la société, ou encore les mouvements migratoires sont autant de thèmes qui résonnent dans l’histoire contemporaine locale.
Ces réalisations permettent également de raconter des histoires originales préservées des grands stéréotypes internationaux. Empreintes de poésie et parfois de douleur, ces histoires portent davantage de regards authentiques que ce que les productions hollywoodiennes tendent à alimenter.
Une diplomatie culturelle
En parallèle de sa portée sociale, le cinéma nord-africain est de plus en plus utilisé comme un outil de diplomatie culturelle. À travers les festivals, les partenariats de coproduction, et les sélections dans les grandes manifestations internationales comme Cannes ou la Berlinale, les films de la région participent à la construction d’une image culturelle forte. Pour les États et les institutions, soutenir le cinéma devient une manière d’inscrire leur pays dans une dynamique de rayonnement, de coopération, voire de soft power.
Les œuvres projetées à l’étranger permettent ainsi de créer des ponts entre les cultures, en exposant des perspectives différentes, mais universelles dans leurs émotions. Cette fonction diplomatique est d’autant plus significative qu’elle repose non sur une logique d’État, mais sur des initiatives individuelles ou associatives, souvent soutenues par des réseaux transnationaux.
Structuration durable du secteur
Face à cet élan créatif, la question de la structuration du secteur reste posée. Pour que le cinéma en Afrique du Nord poursuive son développement, un appui renforcé des pouvoirs publics et des partenaires internationaux est primordial. Cela passe par l’engagement politique et la mise en place de mécanismes de financement stables.
Le cinéma nord-africain, en particulier en Tunisie, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins : entre reconnaissance artistique, utilité sociale et valeur diplomatique. Il illustre la capacité d’une région à raconter ses propres récits, à mobiliser sa jeunesse et à se projeter au-delà de ses frontières culturelles.