Coupe du monde 2030 : la rentabilité des stades après la fête, le grand défi du Maroc

Maroc Sport

Avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc accueille en 2030 la Coupe du monde de football. Si l’organisation de cette compétition représente un travail colossal, le plus grand défi sera de parvenir à la rentabilité des stades une fois les derniers supporters étrangers partis. C’est ce qu’indique un rapport du Centre national de prospective économique et sociale.

Depuis plusieurs mois déjà, le Maroc se prépare activement pour accueillir la Coupe du monde 2030, co-organisée avec l’Espagne et le Portugal. Pour réussir son paro, le Royaume chérifien ne lésine pas sur les moyens. Il va investir 52 milliards de dirhams marocains, soit environ 5 milliards de dollars, dans les stades, les infrastructures sportives, les transports, les routes ou encore les complexes hôteliers.

Que deviendront les stades marocains une fois les lampions éteints ?

Au niveau des stades, le Maroc finance la construction du stade Hassan II à Benslimane, près de Casablanca. D’un coût de plus de 400 millions de dollars, cette enceinte sera à terme le plus grand stade au monde avec 115 000 places prévues. En plus de ce mastodonte, cinq autres stades bénéficieront d’une rénovation. Ils sont situés à Tanger, Rabat, Fès, Agadir et Marrakech. Ces installations constituent de véritables gouffres financiers. Les autorités attendent donc un retour sur investissement, une fois les lampions éteints et les derniers supporters étrangers partis.

Le grand défi de l’après Coupe du monde

Dans un rapport intitulé « Le plus grand défi après la Coupe du monde : la rentabilité des stades », le Centre de prospective économique et sociale revient sur cet enjeu colossal qui attend le Maroc. Que deviendront ces infrastructures flambant neuves une fois la compétition terminée ? Comment en tirer des revenus réguliers pour amortir les dépenses du Mondial et assurer leur entretien ? Telles sont les questions qui animent cette analyse de l’organisme, qui prend en exemple les éditions au Brésil et en Afrique du Sud.

La Coupe du monde peut laisser en héritage des « éléphants blancs »

Après la Coupe du monde en Afrique du Sud (2010) et au Brésil (2014), les stades se sont transformés en « éléphants blancs », c’est-à-dire en infrastructures coûteuses générant plus de charges que de revenus. Comme les voitures de luxe, ces installations ont besoin d’être entretenues en permanence (maintenance, sécurité, services, etc.). Les autorités marocaines doivent donc réfléchir à une meilleure exploitation de ces enceintes car les billets des rencontres de football ne suffiront pas à payer les factures. Pour relever le challenge, elles peuvent s’inspirer de pays expérimentés dans l’organisation de la Coupe du monde, comme les nations européennes.

Il faudrait recourir aux droits de naming

Ces pays européens ont par exemple recours aux droits de naming. Encore peu exploités au Maroc, ces droits représentent pourtant une manne financière considérable aux stades comme Wembley à Londres (Angleterre), l’Allianz Arena à Munich (Allemagne), le Santiago Bernabéu à Madrid (Espagne) et le Stade de France à Paris. Ces enceintes mythiques ne vivent pas que de football. Elles organisent une pléthore d’autres évènements comme des concerts de stars planétaires, des festivals, des salons professionnels, des conférences internationales et des visites guidées. Les stades peuvent aussi abriter des restaurants, des boutiques, des centres commerciaux ou encore des musées.

Le Maroc, reconnu comme une destination touristique ou évènementielle majeure

Ces services et événements ont lieu ou fonctionnent pratiquement tous les jours de l’année. Les stades pourront donc profiter d’entrées financières quasi quotidiennes. Le Maroc a les atouts pour rendre les rendre rentables. C’est un pays relativement développé et déjà reconnu comme une destination touristique ou évènementielle majeure. Il se situe d’ailleurs dans une zone géographique stratégique. Porte d’entrée de l’Afrique, proche de l’Europe et tourné vers l’Amérique.

La CAN avant la Coupe du monde 2030

Au-delà même de leurs murs, ces installations doivent devenir des catalyseurs de développement pour l’ensemble du territoire marocain. Pour cela, le Royaume doit (re)penser l’aménagement du territoire. Il lui faut construire ces stades dans des zones fréquentées, facilement accessibles aux transports et accueillant de nombreux services. En attendant la Coupe du monde, le Maroc peut déjà tester ses capacités avec la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qu’il accueille entre fin décembre et début janvier prochain. Il est également candidat pour recevoir la prochaine Coupe du monde des clubs en 2029. L’organisation de ces événements nous donnera un avant-goût de ce qui nous attend en 2030.