Les pays arabes étaient réunis ce weekend à Hammamet Sud, en Tunisie, pour réfléchir sur l’IA dans le cadre de la deuxième conférence des Journées scientifiques arabes consacrée à cette technologie. Ce sommet avait pour thème « Ensemble, rendons durable la culture de la transformation numérique dans notre monde arabe ». Il a réuni plusieurs experts du Maghreb, du Moyen et du Proche Orient.
Le monde arabe se met à l’heure de l’intelligence artificielle. À Hammamet Sud, en Tunisie, les pays du Maghreb, du Moyen et du Proche Orient se sont rencontrés du samedi 12 au lundi 14 juillet pour réfléchir sur cette technologie en vogue depuis le lancement de ChatGPT d’OpenAI en 2022. Ils étaient réunis dans le cadre de la deuxième conférence des Journées scientifiques arabes sur l’intelligence artificielle et la transformation numérique dans les sociétés et les gouvernements arabes.
Des experts du monde arabe réunis à l’hôtel Hoda Yasmine
Ces deuxièmes Journées, qui ont eu lieu à l’hôtel Hoda Yasmine, étaient placées sous le thème « Ensemble, rendons durable la culture de la transformation numérique dans notre monde arabe ». Elles ont été organisées en collaboration avec le Conseil de coopération scientifique arabe, l’Université de Jafra, l’Université de Kairouan et la Cité des sciences. Des experts et des universitaires de plusieurs pays arabes y ont pris part, dont la Tunisie, la Jordanie, l’Algérie, la Libye et le Qatar.
IA et transformation numérique dans le monde arabe
Cette importante conférence scientifique s’inscrivait dans un cadre plus large intitulé « Intelligence artificielle et transformation numérique : la porte d’entrée vers l’avenir des sociétés arabes ». Elle était présidée par le Dr Hisham El Kadi. De samedi à lundi, les experts arabes ont discuté de l’importance de mobiliser les outils d’intelligence artificielle face aux enjeux majeurs auxquels les gouvernements arabes sont confrontés aujourd’hui. Parmi lesquels les questions de migration, les changements climatiques et la crise de la pénurie d’eau dans la région.
Il ne faut pas que cette technologie prenne la place de l’Homme
L’un des principaux enjeux abordés était la moralisation de l’intelligence artificielle. Si l’IA est un formidable outil permettant de booster la production dans l’industrie, d’accélérer la recherche scientifique ou encore d’optimiser l’agriculture, les spécialistes et dirigeants du monde arabe s’accordent à dire qu’elle ne doit pas remplacer l’humain, le marginaliser, et prendre le contrôle de son avenir ainsi que de son existence. Aussi, ils mettent en garde contre un péril sur la sécurité nationale et la cybersécurité, principalement en ce qui concerne la protection des données personnelles des utilisateurs.
Des recommandations pour une utilisation optimale et éthique de l’IA
À la fin des discussions lundi, les experts des pays arabes ont élaboré des documents contenant des recommandations pour une utilisation optimale et éthique de l’intelligence artificielle, ainsi que pour la sécurité des utilisateurs. Hisham Al-Qadi, président du Conseil de coopération scientifique arabe, a également souligné l’importance d’élaborer une charte arabe qui renforcerait la coopération entre les laboratoires et les centres de recherche travaillant dans le domaine de l’intelligence artificielle.
De la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire strict
Hisham Al-Qadi a mis en garde contre les machines, qui ont commencé à penser comme l’homme et même mieux, menaçant ainsi son travail. Le dirigeant a également pointé le besoin d’une éthique de l’intelligence artificielle et d’une transformation numérique des sociétés arabes dans un cadre réglementaire strict.
De son côté, le représentant de l’Université d’Al-Jafra en Libye a souligné dans son intervention que l’intelligence artificielle est aujourd’hui une nécessité stratégique et que la discipline dans le processus de transformation numérique constitue le seul moyen d’en maximiser les bénéfices. Il a appelé à l’élaboration d’une opinion collective afin de formuler une vision arabe unifiée pour assurer une transformation numérique globale et durable.
Une IA 100% arabe développée par les Emirats Arabes Unis
Les experts regrettent toutefois que de nombreux États arabes soient à la traîne dans le développement de l’intelligence artificielle. Heureusement, se félicitent-ils, certains ont réalisé des progrès significatifs. Parmi ceux-ci figurent les États du Golfe, comme le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis. Ce dernier pays a lancé en mai dernier le premier modèle d’IA 100 % arabe, grâce au Technology Innovation Institute (TII), branche de recherche appliquée du Conseil de la recherche en technologies avancées d’Abu Dhabi.
Il s’agit de Falcon Arabic et Falcon H1, des IA entraînées sur des données de haute qualité en arabe original. La première est destinée au grand public et la seconde aux chercheurs et aux entreprises à la recherche de solutions performantes et durables. La suite Falcon a déjà été téléchargée plus de 55 millions de fois à travers le monde.