A l’occasion d’un voyage au Liban le dimanche 30 novembre, le pape Léon XIV a exhorté les Libanais à rester dans leur pays. Loin d’être un discours anti-immigration, cet appel part d’un constat implacable qui trouve ses racines dans l’effondrement économique du pays. La diaspora libanaise est l’une des plus importantes au monde par rapport à la population nationale, avec plus de 10 millions de personnes, contre 6.
Pour son premier déplacement international, le pape Léon XIV a choisi le Proche-Orient. Après la Turquie, il s’est rendu, le dimanche 30 novembre, au Liban où il a été reçu au palais présidentiel de Baabda. À cette occasion, le souverain pontife a délivré un message centré sur la paix et la cohésion nationale, sans évoquer directement les tensions internes et les velléités guerrières d’Israël. Il a parlé brièvement de la situation du pays et la nécessité d’œuvrer pour la paix, un mot répété une vingtaine de fois.
« Il faut du courage pour rester au Liban »
Dans son discours prononcé au palais présidentiel, le pape Léon XIV a exhorté les Libanais à rester dans leur pays malgré l’effondrement économique et les risques d’un nouveau conflit avec l’État hébreu. « Il faut vraiment du courage et de la clairvoyance pour rester ou revenir dans son pays », a-t-il reconnu toutefois, regrettant « une hémorragie » de jeunes quittant le Liban depuis 2019. On ne sait pas encore combien sont partis depuis cette date. Mais al-Doualiya, un centre de recherche indépendant, estime que 800 000 Libanais ont émigré entre 2012 et 2024 , dont un grand nombre de chrétiens.
Le pape Léon XIV prie les dirigeants libanais de servir le peuple
L’émigration massive est due en grande partie à la crise économique qui frappe le Liban depuis plusieurs années. Cette crise est largement imputée à la classe politique, accusée de corruption, de clientélisme et de négligence. Dans sa déclaration, le pape Léon XIV a prié les dirigeants du pays à « se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement » et souligné le besoin « d’autorités et d’institutions qui reconnaissent que le bien commun est supérieur à celui d’une partie ».
Le Liban a l’une des plus fortes diaspora au monde
Pour rappel, la diaspora libanaise est l’une des plus importantes au monde par rapport à la population nationale. Elle compterait plus de 10 millions de personnes. Ce chiffre dépasse de loin la population actuelle du pays, estimée à 6 millions d’habitants, dont plus d’un million de réfugiés syriens, sans parler des Palestiniens. Les Libanais ou les personnes d’ascendance libanaise vivent dans plus de 70 pays sur tous les continents. Mais les plus grosses communautés résident au Brésil, en Argentine, aux États-Unis, au Canada, en France et en Côte d’Ivoire.
Les Libanais de l’étranger ont une grande influence grâce à leurs réseaux commerciaux
Dans la plupart de ces pays, les Libanais ont une grande influence, grâce à leurs réseaux commerciaux et sociaux solides établis au fil du temps. Dans un État comme la Côte d’Ivoire, ils détiennent même une grande partie de l’économie, provoquant un certain ressentiment chez les Ivoiriens, qui les accusent de corruption des autorités, de maltraitance des travailleurs, de racisme et de communautarisme. On les soupçonne aussi de vouloir désormais détenir le pouvoir politique, après que des Libano-ivoiriens (Ivoiriens d’origine libanaise) ont exprimé leur volonté de briguer des mandats électifs (mairie, députation, présidentielle).
La diaspora du Liban accusée de financer le Hezbollah selon Israël
En Côte d’Ivoire, il existe une forte communauté libanaise, arrivée en masse après la guerre civile libanaise (1975-1990). Elle est très bien intégrée, au point de s’identifier dorénavant comme un peuple authentique de ce pays. Cette diaspora contribue néanmoins fortement à l’économie libanaise par ses importants envois de fonds, qui financeraient le Hezbollah musulman, selon les renseignements israéliens.
