Soutenu par les pays arabes, le Maroc intervient dans le Guergarate pour sécuriser la zone

Maroc

Voilà des semaines que l’affaire couvait. Le 21 octobre dernier, une soixantaine de membres du Front Polisario débarquaient, l’arme à la main, dans le no-man’s-land de Guergarate pour bloquer à l’aide d’un barrage de fortune ce point de passage crucial vers la Mauritanie. Le fruit d’appels à manifester émanant du Polisario depuis fin septembre, suite à la reconnaissance par plusieurs pays africains de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

Rétablir la circulation dans une zone illégalement occupée

Pendant plusieurs jours, quelque 200 routiers se sont retrouvés bloqués à Guergarate, maillon clé de la route reliant Tanger à Dakar via Nouakchott. Présents sur place, les casques bleus de la MINURSO* n’ont rien pu faire pour s’opposer à ce blocage. Rappelons qu’aux termes de l’accord conclu en 1991 sous l’égide des Nations Unies, il leur appartient de faire respecter le cessez-le feu dans la zone. Sollicité par Rabat, le Secrétaire général des Nations Unies avait demandé « du temps » à la Minurso pour régler la situation.

Le temps passant, le Maroc a décidé d’agir par ses propres moyens. Au matin du 13 novembre, les forces armées royales pénétraient dans la zone occupée illégalement afin de rétablir la circulation. Les miliciens du Polisario se sont débandés sans résister, après avoir mis le feu à leur campement. Selon les observateurs de la Minurso, aucun coup de feu n’a été échangé sur place, si ce n’est des tirs de sommation.

L’épisode, pourtant, a donné lieu à des échanges sporadiques de tirs le long de la ligne de cessez-le-feu, laissant craindre la résurgence d’un des conflits les plus anciens du continent. Voilà maintenant 45 ans que les deux protagonistes se disputent le territoire du Sahara occidental, conflit mis sous cloche par l’intervention onusienne.

53 violations imputables au Polisario

Mais ce brusque regain de tension ne vient pas de nulle part. Il témoigne du rôle qu’occupe désormais Guergarate dans l’opposition entre les parties rivales: celui d’un point de crispation vieux d’un demi-siècle. L’endroit est jugé essentiel pour la fluidité du commerce entre le Maroc et les pays d’Afrique subsaharienne, pour lesquels la moindre rupture de trafic peut entraîner sur le champ des difficultés économiques et sociales, notamment pour les consommateurs africains. En 2016, le Maroc a fait goudronner la piste afin de faciliter et sécuriser l’accès aux transporteurs.

Depuis les accords de cessez-le-feu, le Polisario a multiplié les actes déstabilisateurs, qui ont conduit à cinquante-trois violations du statu quo. Ces violations se sont poursuivies pendant des années, au mépris des rappels à l’ordre lancés par le Secrétaire Général des Nations Unies et en transgression des résolutions du Conseil de Sécurité, qui ont appelé le Polisario à mettre un terme à ces actes.

Préservation du cessez-le-feu et soutien des pays arabes

Pour Rabat, l’incident de Guergarate était l’acte de trop. Derrière la réaction rapide des forces marocaines transparaît également le souci de ne pas laisser le Polisario s’implanter durablement comme il l’avait fait en 2010 à Gdeim Izik. Dans l’esprit des dirigeants marocains, mettre un terme à ce type d’incursions est le meilleur moyen de préserver le cessez-le-feu.

Rabat insiste sur le caractère mesuré et non belliqueux de sa réaction. L’Etat Major Général des Forces Armées Royales a ainsi déclaré avoir agi « dans le respect de ses attributions, en vertu de ses devoirs et en parfaite conformité avec la légalité internationale ». Adoptant un ton moins policé, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita n’avait pas hésité pour sa part à qualifier le comportement du Polisario à Guergarate « d’actes de banditisme », ne pouvant « constituer le socle d’aucun processus politique».

Les pays arabes ont conforté Rabat dans sa réponse et réaffirmé leur soutien à la marocanité du Sahara, tout en accusant le Polisario de ne pas respecter le droit international en se livrant à des « provocations ».

*Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental

La rédaction
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