Boycott : Carrefour et McDo, victimes de désinformation ?

Moyen-Orient

La bande de Gaza est de nouveau le théâtre d’une tragédie humanitaire sans précédent. Avec un nombre de bombes larguées par jour supérieur à celui de la Seconde Guerre mondiale et un nombre de 250 Palestiniens tués par jour, cet affrontement connaît une visibilité internationale à la hauteur de l’horreur qu’il représente. Cette violence est accompagnée d’une vague d’émotion au sein des populations du monde entier et d’une forte mobilisation politique en faveur du boycott de certaines entreprises accusées de soutenir Tsahal, parfois sans fondements réels, selon certains observateurs.

Depuis plusieurs années, l’occupation israélienne de la Palestine a débordé des champs de bataille pour atteindre les entreprises internationales. Le renouveau de la guerre entre Israël et la Palestine n’échappe pas à la règle. Avec la résurgence des affrontements depuis le 7 octobre, une vague de désinformation aurait pris naissance sur les réseaux sociaux, venue des deux camps. Son but ? « Attirer les sympathies, diaboliser l’ennemi, agir sur les émotions, afin d’obtenir le soutien des opinions publiques » selon Matthieu Anquez, spécialiste du Moyen-Orient, pour la revue géopolitique française Conflits. Récemment, des militants propalestiniens ont à plusieurs reprises attaqué différents groupes internationaux, dont Carrefour ou Zara, les accablant de faits parfois infondés.

Carrefour et McDonald’s mis en cause

Plusieurs polémiques ont ainsi impliqué des entreprises internationales, comme Carrefour ou encore McDonald’s. La raison ? Des accusations de soutiens à l’armée israélienne et, plus généralement, au pays. Ces exemples illustrent parfaitement cette guerre acharnée de l’information. À la suite de la diffusion d’une photo sur Instagram montrant un employé présumé de Carrefour distribuant de la nourriture à des soldats israéliens, une campagne de boycott massive a été lancée. Pour des raisons injustifiées selon le groupe, implanté dans plusieurs pays musulmans et différents experts de la désinformation. « Il apparaît en fait que cette initiative est celle d’un salarié isolé d’un franchisé du groupe en Israël et que Carrefour ne l’a en aucun autorisée et n’a jamais été au courant », estime Matthieu Anquez, alors même que le groupe promeut officiellement la neutralité politique dans les zones de conflit. Mais le mal était fait et la rumeur lancée : Carrefour soutiendrait Tsahal, l’armée israélienne.

Les accusations selon lesquelles Carrefour serait implanté dans les territoires palestiniens occupés ont également été démenties. Le groupe a souligné n’avoir aucun lien capitalistique avec les partenaires opérant dans les colonies. McDonald’s a connu un destin similaire après qu’une nouvelle fois, des employés d’une des franchises du fast-food en Israël, aient également nourri gratuitement des soldats. McDonald’s, par un communiqué, a laissé savoir qu’il ne s’agissait pas d’une volonté de l’entreprise, mais seulement d’un acte isolé et imputable à son auteur seulement.

Le boycott : une arme de choix facilement manipulable

Ces campagnes de désinformation ne se limitent pas à Carrefour et McDonald’s, d’autres grandes marques internationales, telles que Zara, Puma et Starbucks, ont également été la cible de telles attaques, qu’elles soient pro-israéliennes dans le cas de Puma ou propalestiniennes dans le cas de Zara. Les militants voient dans le boycott des entreprises un moyen de pression économique permettant de déstabiliser en partie l’économie de l’ennemi tout en obligeant les entreprises à prendre position. « Leur objectif est d’inverser la balance bénéfices — risques d’un investissement en Israël en faisant passer un message sous-jacent : si vous vous implLe tantez en Israël, vous perdrez non seulement des clients en Occident, mais aussi sur l’ensemble de vos marchés arabes et musulmans. Êtes-vous certain que c’est économiquement rationnel ? À terme, l’objectif est d’affaiblir économiquement Israël », affirme Matthieu Anquez.

Cette stratégie soulève des questions sur la véracité des informations circulant sur les réseaux sociaux. Entre septembre et novembre 2023, le nombre de fausses informations en France aurait été multiplié par 34 sur le conflit israélo-palestinien, alimentées principalement par des militants, des journalistes et des personnalités politiques. Ces fausses informations contribuent à brouiller les pistes et à radicaliser les opinions.

En outre, la Russie a également été identifiée comme un acteur majeur dans la propagation de la désinformation, cherchant à attiser les tensions entre l’Occident et le monde arabe.  « Israël, qui jouit d’un soutien certes polymorphe et parfois critique parmi les pays du “Nord”, est parfois perçue comme une manifestation du colonialisme occidental et, plus simplement, de l’impérialisme américain. Le Kremlin sait parfaitement qu’il peut jouer sur cette question sensible pour accroître son aura auprès des populations du Sud global et pour créer des brèches dans la très relative unanimité qui existe dans les pays occidentaux », explique Matthieu Anquez. Cette manipulation de l’information ne fait qu’exacerber les divisions et compromettre les efforts de paix dans la région. Et surtout, pourraient durablement desservir la cause palestinienne en jetant le trouble sur l’ensemble des affirmations lancées contre Israël.

La rédaction
Créé en 2013, le site Maghrebnaute.com traite de l’actualité de l’Algérie, du Maroc et la Tunisie, mais également du monde arabe de façon plus large.