Icône du monde des affaires en Algérie et classée parmi les femmes les plus influentes d’Afrique selon Forbes Afrique en 2023, Saida Neghza voit aujourd’hui son destin basculer. Le 26 mai 2025, la justice algérienne l’a condamnée à dix ans de prison ferme. Derrière ce verdict, la principale intéressée voit une décision politique plus que judiciaire. Elle en appelle désormais au président de la République, dernière instance à laquelle elle confie sa voix.
L’ascension fulgurante de Saida Neghza stoppée net
Connue pour son franc-parler, sa réussite entrepreneuriale et son influence dans les milieux patronaux, Saida Neghza incarnait une figure atypique dans le paysage politique et économique algérien. Présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), elle avait tenté en 2024 de se présenter à la présidentielle du 7 septembre, avant d’être recalée, comme d’autres figures indépendantes.
Depuis, les nuages se sont amoncelés au-dessus de sa trajectoire. Accusée de « complot contre la sécurité de l’État » et de « tentative de déstabilisation des institutions », elle a été jugée aux côtés de deux autres anciens candidats recalés. Le procès, suivi de près par les observateurs internationaux, s’est conclu par une lourde peine, que Neghza a qualifiée « d’acharnement politique ».
Une voix qui refuse de se taire
Face aux caméras et dans les couloirs du tribunal, Saida Neghza a défendu son innocence avec détermination. « Ce n’est pas une condamnation judiciaire, c’est une sanction politique », a-t-elle lancé à l’issue du verdict. Pour elle, cette affaire illustre la fermeture du champ politique à toute opposition indépendante, surtout lorsqu’elle vient d’une femme influente.
Son appel au président algérien, qu’elle a directement sollicité dans une lettre ouverte, révèle un dernier espoir d’inverser le cours des choses. Neghza demande l’ouverture d’une enquête indépendante et le réexamen de son dossier, tout en affirmant que les charges retenues contre elle reposent sur des considérations partisanes.
Un climat politique de plus en plus verrouillé, Saida Neghza dénonce
La condamnation de Saida Neghza intervient dans un contexte marqué par le resserrement de l’espace politique en Algérie. Depuis la présidentielle de 2024, les voix critiques ou alternatives sont de plus en plus marginalisées. Plusieurs anciens candidats recalés ont été poursuivis, arrêtés ou placés sous surveillance judiciaire, alimentant les accusations de dérive autoritaire.
La société civile reste prudente, tandis que certains syndicats et organisations de défense des droits humains dénoncent un usage répressif de la justice. Les soutiens de Neghza évoquent une tentative d’éliminer toute personnalité influente capable de proposer une autre vision pour le pays.
Une affaire emblématique des tensions internes
Plus qu’un simple dossier judiciaire, le cas Neghza est devenu le symbole des tensions qui traversent le pouvoir algérien. Derrière sa figure charismatique, c’est tout un discours alternatif, fondé sur l’ouverture économique, la modernisation des institutions et la participation des femmes en politique, qui semble avoir été visé.
Reste à savoir si l’appel de Saida Neghza sera entendu au sommet de l’État. En attendant, sa chute illustre le prix élevé que peuvent payer celles et ceux qui osent défier les lignes rouges dans l’Algérie post-Hirak.