Mauritanie : le système de santé va bénéficier de soins intensifs

Maghreb Santé

En Mauritanie, le gouvernement a récemment lancé une vaste réforme de son système de santé en crise. À l’occasion d’une réunion ministérielle, le Premier ministre, M. Moctar Djay, a effectué avec ses pairs un examen de la situation des établissements hospitaliers dans le pays. Il en a profité pour actionner une nouvelle feuille de route pour réformer ce système sanitaire.

Depuis plusieurs années, le système hospitalier mauritanien traverse une phase critique. Celle-ci est marquée par des dysfonctionnements structurels et un accès inégal aux soins. En effet, les hôpitaux du pays peinent à répondre aux attentes sans cesse croissante de la population. Ils souffrent notamment d’une insuffisance de personnel qualifié, d’une faiblesse des infrastructures et d’une gestion défaillante des urgences.

La Mauritanie lance une réforme ambitieuse de son système de santé

Ces carences mettent à mal la qualité des prestations et accentuent les inégalités d’accès à la santé, en particulier pour les plus vulnérables. Pour régler ces problèmes, le gouvernement a récemment lancé une réforme ambitieuse du système de santé nationale. Ce vaste chantier doit redonner confiance aux citoyens et améliorer la qualité des services.

Pour atteindre ces objectifs, Nouakchott mise sur plusieurs leviers. À savoir : un renforcement des infrastructures, une gouvernance modernisée, une meilleure allocation des ressources humaines et surtout une refonte des mécanismes de financement car le modèle économique des soins hospitaliers se trouve au cœur de la crise.

Pour résoudre les problèmes financiers, l’exécutif veut se tourner vers le paiement à l’acte

L’État voudrait bien généraliser la gratuité des soins, mais la situation économique du pays ne le permet pas. Il souhaiterait aussi proposer l’assurance maladie. Sauf que celle-ci demeure encore très limitée, à cause d’un réseau de mutuelles embryonnaire.

Dans ce contexte, le gouvernement se tourne vers une alternative : le paiement à l’acte, ou tarification à l’activité (T2A). Ce système repose sur la rémunération des hôpitaux en fonction des actes réellement réalisés. Il permet d’atteindre une certaine efficience, de favoriser une gestion plus rigoureuse des ressources, d’améliorer la traçabilité des soins et de parvenir à une meilleure adaptation aux besoins de la population.

Une réforme hospitalière aussi délicate qu’ambitieuse

Toutefois, la T2A présente quelques risques. Par exemple l’incitation à la rentabilité peut conduire les professionnels de santé à privilégier les actes les plus simples et rémunérateurs, au détriment des soins complexes ou non rentables. Un tel choix dégraderait la qualité des soins et accentuerait les inégalités.

La réforme hospitalière en Mauritanie s’annonce donc aussi délicate qu’ambitieuse. Il faut trouver les clés nécessaires pour qu’elle réponde vraiment aux attentes de la population et aux objectifs financiers. Le gouvernement s’est fixé comme échéance le mois d’août, pour identifier les priorités, proposer des solutions concrètes et poser les jalons d’une réforme en profondeur.

Une réunion ministérielle dédiée à l’examen de la situation des établissements de santé en Mauritanie

C’est dans ce cadre que le Premier ministre, M. Moctar Djay, a présidé, le lundi 28 juillet, une réunion ministérielle cruciale dédiée à l’examen de la situation des établissements de santé en Mauritanie. Cette session, qui a rassemblé les ministres concernés, a permis de dresser un premier état des lieux et de définir les actions urgentes nécessaires pour améliorer le secteur sanitaire. Les discussions ont été marquées par deux exposés techniques. L’un portait sur la situation et le développement des établissements de santé. Et l’autre sur l’organisation, la logistique, l’assurance et la coordination des acteurs.

La santé, une priorité du président de la République de Mauritanie

Après avoir écouté attentivement les exposés et les interventions des experts présents à la réunion, le Premier ministre Moctar Djay a réaffirmé avec force la place centrale de la santé dans l’action gouvernementale, en précisant que c’est une priorité du président de la République, M. Mohamed Cheikh El Ghazouani. Il a rappelé la volonté du Chef de l’État à corriger les inégalités en matière de santé.

Le chef du gouvernement a cependant prévenu que ce chantier est complexe et qu’il exige « beaucoup de coordination et de travail » pour sa réussite. Il a instruit les ministres concernés de travailler intensivement durant ce mois d’août à identifier précisément les problèmes majeurs entravant le bon fonctionnement du système hospitalier et à les hiérarchiser selon leur urgence et leur impact.