Au Maroc, la mafia des sables continue de sévir, notamment à Tanger, où elle agit en toute impunité. De nouvelles vidéos témoignant de l’extraction sauvage du sable sur les plages tangéroises ont été publiées récemment, provoquant l’indignation des citoyens et des professionnels du secteur de l’extraction.
Le pillage des sables bat son plein à Tanger. De nouvelles vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des camions charger illégalement, et en plein jour, d’importantes quantités de sable sur des sites partiellement protégés. Capturées par des citoyens, ces scènes de prédation ont notamment lieu sur la plage de la forêt diplomatique, un espace entre Tanger et Asilah, considéré comme vital pour la biodiversité et la détente de la population locale.
La mafia des sables menace la faune, la flore, le paysage et les populations
Aujourd’hui, la forêt diplomatique est gravement menacée par la mafia du sable. Les excavations creusées sauvagement par les trafiquants causent de nombreux dégâts car elles défigurent le paysage, fragilisent les sols et accélèrent l’érosion côtière. Elles représentent également un danger pour la faune et la flore locales, ainsi que pour les riverains qui craignent des glissements de terrain et des inondations. De plus, ce pillage du sable constitue un délit économique. En effet, il détourne des millions de dirhams des caisses de l’État et des transporteurs légaux.
Un crime environnemental, économique et social
Confrontés aux pertes économiques énormes, les professionnels du secteur alertent sur le fait que ces pratiques clandestines compromettent la stabilité de leur filière ainsi que celle des matériaux de construction. Aussi, ajoutent-ils, ces pratiques portent un préjudice direct à des milliers de familles qui dépendent de l’extraction du sable pour leur subsistance.
Les transporteurs légaux dénoncent un crime environnemental, économique et social qui se perpétue sans relâche, parfois au nez et à la barbe des autorités locales. Face à cette situation, ils ont adressé des requêtes au wali de la région de Tanger-Tétouan, Younes Tazi, l’exhortant à intervenir avec célérité. Ils ont également interpellé les services compétents du ministère de l’Intérieur, mettant en garde contre l’aggravation alarmante de la mafia des sables.
Des propositions pour mettre fin à la mafia des sables
Dans leur lettre au gouvernement, les professionnels du secteur du sable réclament des mesures concrètes pour enrayer ce fléau. Ils proposent notamment la confiscation des équipements utilisés pour l’extraction illégale, un renforcement des contrôles dans les zones concernées et des sanctions judiciaires exemplaires, comme des peines de prison. Les transporteurs légitimes rappellent en outre qu’il existe des alternatives efficaces et éprouvées ailleurs, comme le recours au sable artificiel. Cette solution permet de protéger les filières et de préserver les ressources naturelles.
Les sables marocains très appréciés par le secteur de la construction
Au-delà du cas de la forêt diplomatique de Tanger, c’est l’ensemble de la politique de gestion des ressources naturelles du Maroc qui est remise en cause par les professionnels, les citoyens et les ONG. Les syndicats et les défenseurs de l’environnement soulignent la nécessité de protéger le patrimoine commun des Marocains et des générations futures, au risque de laisser prospérer une économie parallèle destructrice. Au Royaume chérifien, le pillage illégal du sable se fait depuis plusieurs années, mais il a pris de l’ampleur après la pandémie du COVID-19. Les sables marocains sont très appréciés à l’étranger car moins lisses. Ils servent de liant dans le béton.