Google accusé de pillage des ressources hydriques en Uruguay

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Près de la moitié de la population du pays est confrontée à une pénurie d’eau potable en Uruguay. Face à cette crise hydrique, une partie de la population accuse Google de vouloir exploiter les dernières ressources en eau du pays pour la construction d’un centre de données nécessitant des millions de litres par jour. 

Un pays en manque d’eau?

L’Uruguay qui est réputé pour ses vastes étendues de terres fertiles et ses ressources naturelles abondantes, a toujours été considéré comme un pays relativement bien doté en eau. Cependant, ces dernières décennies, une combinaison de facteurs tels que le changement climatique, la dégradation de l’environnement, la croissance démographique et l’urbanisation rapide ont entraîné une pression considérable sur les ressources hydriques de l’Uruguay.

En conséquence, les rivières, les nappes phréatiques et les sources d’eau souterraines qui alimentent les aquifères ont connu une baisse dramatique de leurs niveaux d’eau. De plus, la pollution et la surexploitation agricole et industrielle ont accentué le problème, menaçant l’accès à l’eau potable pour des millions d’Uruguayens.

Plus de la moitié des 3,5 millions d’habitants du pays n’a plus accès à l’eau potable depuis le mois de mai, comme le rappelle Ouest France. Quant au principal réservoir d’eau de la capitale, Montevideo, il ne compte plus que 2 % de son contenu. C’est pourquoi le gouvernement uruguayen a déclaré “l’état d’urgence” sur les ressources en eau depuis un mois. 

Face à cette situation, les autorités ont décidé d’installer un système permettant d’ajouter de l’eau salée à de l’eau douce. Mais le résultat semble être assez médiocre comme l’explique Isabel Moreira, 73 ans, habitante de Montevideo, obligée de recourir à de l’eau en bouteille pour se brosser les dents. « Quand on se brosse les dents c’est affreux, on sent le goût de l’eau salée, c’est dégoûtant !« 

Les accusations contre Google

Dans un contexte de crise, la firme américaine Google a annoncé la construction d’un centre de données nécessitant chaque jour des millions de litres d’eau.

Les détracteurs de l’entreprise américaine prétendent qu’elle souhaite profiter de la détresse hydrique du pays pour obtenir un accès privilégié à l’eau, ce qui pourrait entraîner une concurrence inégale avec les habitants locaux pour l’accès à l’eau potable. Cette infrastructure consommerait près de 8 millions de litres d’eau par jour pour refroidir ses serveurs, ce qui équivaut à la consommation domestique quotidienne de 55 000 personnes. 

Côté gouvernement, des programmes de préservation de l’eau, de restauration des écosystèmes et de régulation de l’exploitation des ressources hydriques ont été annoncés.  Les mesures prises semblent toutefois insuffisantes pour résoudre le problème à long terme.

Des manifestations et des rassemblements ont aussi été organisés dans tout le pays pour exprimer l’opposition à toute tentative de privatisation ou de contrôle étranger sur les ressources hydriques du pays. Tous les murs de la capitale sont tagués de “saqueo” (“pillage”) et de “robo” (“vol”). Les manifestants exigent une gestion transparente et responsable de l’eau, ainsi que la reconnaissance du droit fondamental à l’eau potable pour tous les citoyens uruguayens.

La rédaction
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