Noureddine Boutar, le directeur de la station de radio la plus populaire de Tunisie, Mosaïque FM, a été libéré sous caution, des mois après avoir été emprisonné aux côtés d’une litanie de personnalités, dont des dirigeants de l’opposition, critiques à l’égard de la décision du président Kais Saïed de concentrer le pouvoir entre ses mains, relaie Al Jazeera.
Une cour d’appel tunisienne a décidé de libérer Noureddine Boutar moyennant une caution de 1 million de dinars (324 000 dollars). Néanmoins, l’intéressé demeure toujours assigné sur le territoire. « N. Boutar ne dispose pas de cette somme, d’autant plus que la justice a gelé tous ses avoirs. Nous sommes en train de collecter la somme, il sera donc difficile pour lui d’être libéré aujourd’hui », a ainsi déclaré son avocate Dalila Msaddek, jeudi 25 mai.
En mars, le Parlement européen a condamné la « dérive autoritaire » de Saïed et a appelé à la libération immédiate de Boutar. Celle-ci fait suite à celle de deux autres journalistes de Mosaïque, Haythem El Mekki et son coanimateur de radio Elyes Gharb, interrogés par la police la semaine dernière. Et cela, en raison de leurs commentaires sur la politique menée par Kais Saïed.
Une omnipotence étatique alarmante
Dans les faits, le pays du Jasmin traverse depuis deux ans une crise politique et économique très inquiétante, à l’image de la suspension unilatérale du Parlement et de la dissolution du gouvernement actées par K. Saïed. L’opposition a d’ailleurs accusé le régime d’avoir orchestré un coup d’Etat en prenant le contrôle du pouvoir judiciaire, en plus du corps électoral. Pire, le président Saïed avait confirmé que les personnes arrêtées n’étaient ni plus ni moins que des « terroristes » qui avaient « comploté contre la sécurité de l’État ».
Des élections législatives 2022 lunaires
Pour rappel, K. Saïed a utilisé les élections législatives de décembre 2022 pour renforcer le poids des hommes au sein de l’hémicycle, tout en réduisant parallèlement celui des femmes. L’intéressé a également œuvré pour écarter les partis traditionnels sur lesquels Saïed a imputé une grande partie de la responsabilité de l’économie en déclin ainsi que du chômage. Le tout, en encourageant les candidatures basées sur des programmes communautaires.