Gaza : la caravane « Soumoud » stoppée en Libye et en Égypte 

Maghreb Société

La caravane « Soumoud », partie de Tunis le lundi 16 juin pour briser le siège de Gaza, a été stoppée net dans l’est de la Libye par le gouvernement de Benghazi. Dans le même temps, la délégation d’Égypte n’a pas pu quitter le Caire. Les organisateurs de ce convoi dénoncent l’arrestation de plusieurs militants par les autorités libyennes et égyptiennes.

Partie de Tunis le lundi 16 juin, la caravane pro-palestinienne « Soumoud » devait rallier le poste frontalier Rafah cette semaine pour briser le blocus de Gaza imposé par l’armée israélienne. Ce convoi composé de plusieurs nationalités (Tunisiens, Algériens, Marocains, Mauritaniens, Français, Espagnols, etc.) est passé notamment par Sousse, Sfax et Gabès pour atteindre Medenine, et plus précisément le poste frontalier terrestre de Ras Jedir avec la Libye. Il a ensuite joint sans encombres Tripoli, la capitale libyenne, où siège le Gouvernement d’unité nationale (GNU), dirigé par Abdel Hamid Dbeibah et reconnu par la communauté internationale.

La caravane « Soumoud » n’est pas entrée en Egypte

Mais la caravane « Soumoud » a ensuite été stoppée à l’entrée de la ville de Syrte, sous le contrôle des forces du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans l’est libyen. Dans cette partie du pays, c’est le Gouvernement de stabilité nationale (GSN) qui règne, avec à sa tête Oussama Hammad. Il est soutenu par la Chambre des représentants et l’Armée nationale libyenne de Khalifa Haftar. Le Comité de Coordination d’action commune pour la Palestine, organisateur du convoi, a fait part de l’arrestation d’au de 13 participants, dont trois blogueurs qui documentaient le périple de la Caravane depuis son départ de Tunisie le 9 juin.

La délégation d’Égypte n’a pas décollé du Caire

Dans un communiqué datant de dimanche, le Comité réclame la libération immédiate ces personnes toujours détenues par les autorités de l’est libyen. Il réaffirme également sa volonté de poursuivre sa mission jusqu’au poste-frontière de Rafah, en Égypte, pour « briser le blocus et mettre fin au génocide du peuple palestinien résistant à Gaza ». En Egypte, une autre initiative a été démantelée avant même de se lancer. Il s’agit de la Global March, qui réunit 4000 manifestants d’une cinquantaine de pays selon les organisateurs. Ce groupe devait partir du Caire, puis traverser en bus le désert Sinaï pour rallier la ville d’Arish avec de parcourir les 50 derniers kilomètres à pied jusqu’à la partie égyptienne de Rafah.

Des personnes arrêtées

Le convoi n’a pas pu décoller. Le rassemblement prévu sur la place Talaat al-Harb, au centre du Caire, a été éparpillé par un important dispositif policier. Des personnes ont été arrêtées. Certains militants ont été interpellés dès leur descente à l’aéroport ou à leur hôtel. D’autres auraient été rapatriés dans leur pays. Les manifestants disent également avoir été victimes d’un « siège systématique », empêchant tout accès à la nourriture, à l’eau, aux médicaments et aux communications. Malgré ces multiples signaux négatifs envoyés par les autorités, ils espèrent encore obtenir une autorisation officielle.

L’Égypte a le devoir d’assurer la sécurité des visiteurs

Le Caire n’a pas donné d’explications claire au blocage de la caravane pour la Palestine. Mais la décision serait liée aux règlements encadrant les visites dans la zone frontalière adjacente à la bande de Gaza. Le ministère des Affaires étrangères a pointé l’illogisme d’une marche vers Rafah, zone de guerre où des affrontements peuvent éclater à tout moment. Il pointe la responsabilité de l’Égypte dans la sécurité des visiteurs jusqu’à la frontière de Gaza. Accusé de lâcheté devant les horreurs commises par Israël, le Caire assure toujours soutenir les droits palestiniens et rejeter le blocus, la famine ainsi que les violations israéliennes flagrantes et systématiques contre la population gazaouie.

La caravane « Soumoud », version terrestre de la Flottille de la liberté

Les militants critiquent aussi la réaction du gouvernement libyen de l’est, qui ferait preuve de zèle pour éviter des embrouilles avec le voisin égyptien. Face aux brimades et aux arrestations, les activistes du convoi pro-palestinien venus de Tunis ont replié sur Tripoli, en attendant un geste des autorités de Benghazi pour reprendre leur chemin vers l’Égypte et Rafah qu’ils souhaitaient atteindre dans deux semaines. Pas sûr qu’ils puissent reprendre la route un jour vu que les pays arabes évitent au maximum d’avoir des problèmes avec Israël et son allié américain. Notons que le convoi « Soumoud » est la version terrestre de la Flottille de la liberté, un mouvement de soutien à Gaza via la mer. L’un de ses bateaux, le Madleen, a été récemment bloqué par l’armée israélienne. Il avait à son bord une dizaine de militants, dont la Suédoise Greta Thunberg.