Le Conseil de sécurité de l’ONU doit étudier ce jeudi le projet de résolution américain sur le Sahara occidental. Mais le Front Polisario, qui défend l’indépendance de ce territoire revendiqué par le Maroc, accuse ce projet de représenter « une dérive grave et sans précédent » dans le traitement du dossier, en omettant toute référence explicite au référendum d’autodétermination.
Ce jeudi 30 octobre, les Etats-Unis soumettront une proposition au Conseil de sécurité des Nations unies pour enterrer l’autodétermination du Sahara occidental. Ce projet s’inscrit dans la continuité de la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le territoire en 2020. Pour rappel, le Sahara occidental est un territoire revendiqué par le Maroc, qui l’administre depuis 1979. Rabat fait face au mouvement indépendantiste du Front Polisario, créé en 1973 initialement pour lutter contre l’occupation espagnole et soutenu par l’Algérie.
Ce projet de résolution sur le Sahara occidental, « une dérive grave et sans précédent »
Le Front Polisario ne voit pas d’un bon œil le projet de résolution américain sur le Sahara occidental. Dans une lettre adressée vendredi à Vassily Nebenzia, président du Conseil de sécurité et représentant permanent de la Russie à l’ONU, le coordinateur du mouvement, Sidi Mohamed Omar, accuse cette proposition de représenter « une dérive grave et sans précédent » dans le traitement du dossier.
Selon le responsable sahraoui, le plan marque une rupture avec le cadre juridique établi depuis des décennies, notamment le principe cardinal du référendum d’autodétermination. En omettant toute référence explicite au référendum d’autodétermination, dit-il, le texte redéfinit de facto la nature même du conflit, au mépris des résolutions fondatrices des Nations Unies et des aspirations du peuple sahraoui.
« L’adoption d’une résolution non conforme au droit international ne ferait qu’alimenter la frustration »
Aussi, le Front Polisario critique la mise à l’écart de l’Espagne, ex pays colonisateur. Par cette exclusion, le projet réduirait « le champ diplomatique à une confrontation bilatérale Maroc-Front Polisario, sous l’œil intéressé des grandes puissances, au risque d’enfermer la question sahraouie dans une logique d’équilibre de forces plutôt que de justice ». Sidi Mohamed Omar avertit que l’adoption d’une résolution non conforme au droit international ne ferait qu’alimenter la frustration, raviver les tensions militaires dans la région et compromettre toute perspective de paix durable. « Le peuple sahraoui a attendu trop longtemps. Il ne peut accepter qu’une solution imposée lui soit dictée par des intérêts étrangers », a-t-il prévenu.
Rabat fait la cour à Moscou pour s’abstenir lors du vote sur le Sahara occidental
Les États-Unis et certains de leurs alliés occidentaux, comme la France et le Royaume-Uni, considèrent pourtant le projet de résolution américain comme une opportunité de relancer un processus enlisé. Donald Trump, qui se prend pour un faiseur de paix (alors qu’il n’a toujours pas résolu le conflit en Ukraine et à Gaza), se donne 60 jours pour trouver une solution définitive. Mais Washington devra rallier d’autres membres du Conseil des Nations Unies comme la Russie.
Allié historique de l’Algérie, Moscou a toujours suivi les recommandations de l’ONU sur une autonomie du territoire. Mais son rapprochement récent avec le Maroc et les États-Unis pourraient moduler sa position. Pour faire basculer la Russie dans son camp, le Maroc a envoyé à Moscou son chef de la diplomatie, Nasser Bourita, s’entretenir avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, afin de convaincre le Kremlin de s’abstenir lors du vote. Une manœuvre mal vue par Alger.



