Najat Vallaud-Belkacem veut interdire cette application «Gossip»

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L’application qui permet de faire véhiculer des «ragots» provoque des cas de harcèlement de plus en plus nombreux chez les ados. Les syndicats lycéens ont demandé sa fermeture, tandis que Najat Vallaud Belkacem appelle à une «extrême vigilance».

Vous souhaitez faire baver vos camarades ? Etre le premier à faire des révélations à votre entourage ? Ou tout simplement nuire à quelqu’un que vous n’appréciez pas ? L’application Gossip (de l’anglais «ragots») vous le permettait jusqu’à très récemment.

En 140 caractères, il était possible de faire circuler n’importe quelle rumeur sur n’importe qui, et cela de manière anonyme. L’application permettait même de fournir des «preuves» qui s’affichaient durant 10 secondes sous formes de photos ou de vidéos avant de s’autodétruire.

 

 

L’application fait bien évidemment référence à la série américaine à succès «Gossip Girl». Les élèves signant même «XoXo» à la fin de leurs posts, exactement comme dans la série.

Seulement, le succès fulgurant de Gossip a immédiatement entraîné des débordements. Ainsi, de nombreux élèves se sont plaints à leurs professeurs et conseillers principaux d’éducation (CPE) d’être victimes de harcèlement. A un tel point que plusieurs syndicats lycéens, dont la FIDL ont réclamé son interdiction.

Dans un communiqué, le syndicat explique que l’objectif de cette plateforme «n’est pas de jouer mais bien de nuire aux autres». Selon la FIDL, la plateforme a provoqué un climat malsain dans beaucoup d’établissements scolaires et encourage le harcèlement, un phénomène «déjà très grave et répandu».

 

 

Dès ce matin, le ministère de l’Education a publié un communiqué dans lequel Najat Vallaud Belkacem appelle à «une extrême vigilance sur la teneur des messages qui seraient mis en ligne», et demande que «tous propos injurieux ou diffamatoires proférés à l’encontre d’élèves ou de personnels» soient signalés à la justice.

La ministre déclare considérer la lutte contre le harcèlement scolaire comme «l’une de ses priorités». Elle dit vouloir continuer à «prévenir des dangers du cyberharcèlement» et explique ne pas souhaiter que Gossip puisse être réouvert. Selon la ministre, cela pourrait venir «affecter un climat serein au sein des établissements».

 

 

Par ailleurs, elle réaffirme qu’elle poursuivra résolument la sensibilisation engagée par le ministère auprès des élèves pour les prévenir des dangers du cyber-harcèlement «notamment grâce aux 250 référents chargés de cette lutte sur le terrain et aux associations avec lesquelles des partenariats ont été noués».

Suite à la polémique, la créatrice de l’appli, Cindy Mouly, qui revendique 10 000 téléchargements par jour depuis son lancement début mai, a expliqué au journal Madame Le Figaro qu’elle souhaitait, à la base, cibler les actifs entre 20 et 35 ans, mais ne s’attendait pas à ce que «des collégiens se ruent dessus». En France, c’est pourtant chez les adolescents que la plateforme a eu un succès fulgurant et immédiat.

Selon la psychologue pour adolescents Marie-Sylvie Rushton, les jeunes, à travers ce genre d’application ont l’impression «de frôler l’interdit» et d’exercer «une révolte par rapport à un ordre établi, sans toutefois en mesurer réellement les conséquences». L’anonymat laissant le champ libre à toutes les critiques, ils peuvent librement s’attaquer à des camarades, mais aussi «aux professeurs, aux parents, et finalement à tout le système».

 

 

Selon la psychologue, les ados, fascinés par les «lanceurs d’alerte» [comme Edward Snowden ou Julian Assange], tentent à leur tour de dénoncer quelque chose, de faire des révélations. Mais ils le font d’une façon «très immature et inconsciente».

Quant aux ragots, ces derniers démontrent, à cet âge là, «une façon d’être, d’exister, de se démarquer et d’appartenir à un clan». Les ados ne mesurent pas l’impact que cela peut avoir. De plus, «ils ne pensent plus qu’à ça et sont déconcentrés dans leur scolarité».

Rappelons que Gossip n’est pas la première application de ce genre. Elle possède en effet de grandes similitudes avec l’application Secret développée aux Etats-Unis et qui permettait de poster un message anonymement, visible par ses «amis» ainsi que les «amis» de ces derniers. Elle fut fermée en avril 2015 à cause de trop nombreux cas de harcèlement.

La plateforme Gossip était, elle, encore inaccessible ce matin. Au lancement, un message prévient que l’appli a été mise hors service quelques jours, «le temps de mettre en place un système de modération plus élaboré».

La rédaction
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