Liban : la catastrophe de Beyrouth fruit d’une compétence à tous les niveaux

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Cette dernière, qui découle d’une double explosion incroyable sur le port de Beyrouth, mardi 4 août, atteint désormais 137 morts, plus de 100 personnes toujours portées disparues et plus de 5000 personnes blessés. Sachant qu’il faut désormais ajouter à ce triste constat, plus de 250 000 sans-abris.

Comme le souligne Le Monde, le président libanais, Michel Aoun, a rapidement évoqué après la tragédie que 2750 tonnes de nitrate d’ammonium (un produit hautement explosif) avaient été stockées sur le port depuis plus de six ans. Et cela, à proximité immédiate de zones densément peuplées du centre-ville. Le média, comme l’ensemble de la communauté internationale, ne manque donc pas de s’interroger sur les causes de ce désastre :

Comment une telle quantité de ce produit, qui peut servir aussi bien à la fabrication d’engrais qu’à la mise au point d’explosifs, a-t-elle donc pu être laissée en déshérence pendant une période aussi longue, à un emplacement aussi sensible ?

Une première hypothèse a été apportée par le site des Echos : 

Pour comprendre l’origine du drame de mardi, il faut remonter à l’automne 2013. Le Rhosus, propriété de l’homme d’affaires Igor Gretchouchkine, a quitté la Géorgie le 23 septembre. A son bord, du nitrate d’ammonium vendu, selon l’agence Reuters , par le fabricant d’engrais géorgien Rustavi Azot au groupe mozambicain Fabrica de Explosivos. D’après le « New York Times », le bateau est vieux – entre 30 et 40 ans -, en mauvais état, des brèches laissent entrer de l’eau, et une mutinerie éclate au début du voyage à propos de salaires impayés. Le Rhosus ne devait pas faire escale à Beyrouth. Mais le capitaine du bateau Boris Prokochev raconte aujourd’hui à plusieurs médias qu’Igor Gretchouchkine l’a appelé pour lui demander d’y récupérer du matériel de chantier à livrer en Jordanie. Il manquerait d’argent pour payer le passage du canal de Suez. Plusieurs médias évoquent également des problèmes techniques à bord du bateau qui l’obligent à faire escale. Ce qui est certain, c’est qu’une fois à Beyrouth, les autorités portuaires interdisent au bateau de repartir après l’avoir inspecté. Quant au matériel de chantier, le capitaine avait de toute façon refusé de les transporter. Mal arrimés, ils ont endommagé les portes des soutes et auraient pu mettre en danger le bateau, racontent le maître d’équipage et le capitaine à Reuters. C’est alors le début d’un long imbroglio juridique et diplomatique. Les autorités libanaises exigent des redevances portuaires au propriétaire, Igor Gretchouchkine. Lequel ne répond plus aux appels et semble avoir abandonné le bateau, qui est immobilisé par les Libanais. Sur les 10 membres d’équipage, quatre sont contraints de rester à bord, dont le capitaine. En attendant le paiement des redevances portuaires, les autorités libanaises acceptent de leur livrer de la nourriture, se souvient le capitaine. L’attente durera 11 mois.

De son côté, Libanews fait le point sur l’aide internationale en faveur du pays du Cèdre :

« Face à la situation et à l’appel des autorités libanaises à l’aide internationale, plusieurs pays ont déjà répondu présents, notamment la France qui a indiqué avoir déjà envoyé 2 avions avec à leurs bords 15 tonnes d’aide médicale ainsi que des sapeurs-pompiers formés dans le cadre de telles circonstances. Un nouvel avion également été annoncé par Paris, alors que le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé son déplacement ce jeudi au Liban. Toujours au niveau occidental, la Grande Bretagne a annoncé l’octroi d’une aide de 6.6 millions de dollars au Liban, avec l’envoi également de secouristes spécialisés dans la recherche de personnes ensevelies ou encore un soutien logistique médical. L’Union Européenne elle-même a indiqué envoyer 100 chiens pour localiser les personnes ensevelies sous les décombres, tout comme Chypre, la Grèce et la Turquie. À cette aide, se rajoutent 3 hôpitaux de campagne, 2 du Qatar et un d’Irak qui devraient prendre en charge 500 personnes. Bagdad a également annoncé l’envoi d’hydrocarbures pour juguler quelque peu la situation de crise économique et ainsi aider le Liban. Outre l’envoi d’un hôpital de campagne, le Qatar ainsi que le Koweït ont annoncé l’envoi d’équipements médicaux comme des respirateurs, des kits de premier secours ou encore des réservoirs de fiouls. La Jordanie a indiqué envoyer 4 avions de matériels médicaux d’urgence. Autre état arabe, l’Arabie Saoudite a annoncé le déploiement à Beyrouth d’équipes médicales pour transporter les personnes blessées. La Russie a également annoncé l’envoi de 5 avions d’aide d’urgence ainsi que du personnel pour aider à retrouver les personnes ensevelies. L’Organisation Mondiale de la Santé a indiqué procéder à l’envoi prochain de matériels médicaux sur demande du ministère de la santé. Il s’agira de couvrir 1000 opérations traumatiques et 1000 opérations chirurgicales. »

– A lire aussi cette interview intéressante réalisée par le site Atlantico. Cliquez ici.

La rédaction
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