Comment réagir face à l’envolée du prix de l’euro dans la devise algérienne ? Comment protéger son pouvoir d’achat malgré la contraction du marché monétaire algérien ? Tour d’horizon sur les perspectives estivales.
Contexte d’une crise de la devise
Face à l’augmentation de la demande, le dinar a de nouveau perdu 8 points de valeur en quelques semaines. Conséquence : une indisponibilité de la devise européenne et un écart qui se creuse entre le prix légal et les offres cambistes du fameux Square Port-Saïd. Cette difficulté amène de plus en plus d’Algériens à se tourner vers les échanges informels.
Les lacunes de l’Etat algérien
Depuis 2016, il était possible de voyager à l’étranger en emportant une importante somme de devise tant que la somme demeurait identique à l’aller comme au retour. Ce système est révolu depuis novembre dernier : il est désormais impossible de transporter une somme supérieure à 7.500 par an, à moins d’obtenir une autorisation spécifique de la banque centrale algérienne.
En résulte une contraction de l’offre après six mois de mise en application de cette mesure qui entendait protéger la devise nationale. Le flux restreint de monnaie européenne, valeur refuge en cas de crise à l’échelle nationale, conduit les marchands de l’ombre à tirer profit de la détresse des citoyens pour accroître leurs profits. La flambée du dollar depuis l’élection du président Donald Trump semble quant-à elle se stabiliser et offre une alternative pour les entreprises algériennes ouvertes à l’international.
La deuxième source de ce chaos monétaire réside dans le retard pris par le ministère des finances qui, sous la direction d’Abdelkrim Bouzred, n’a pas tenu sa promesse de fournir une allocation de 750€ pour le tourisme international avant la fin du ramadan. Cette mesure aurait dû inciter les citoyens à ne plus avoir recours au marché informel dans le but de se procurer des devises étrangères. Pas encore officiellement abandonnée, cette décision devrait aboutir d’ici le mois de juillet.
Perspectives estivales
À l’approche de l’été 2025, les perspectives du taux de change euro–dinar algérien restent marquées par une incertitude persistante, notamment sur le marché parallèle où l’euro s’échange actuellement autour de 240 dinars. Malgré une stabilisation relative du taux officiel (environ 140 DZD pour 1 EUR), plusieurs facteurs pourraient continuer à exercer une pression haussière sur le taux parallèle.
En raison des voyages estivaux, des études à l’étranger et des achats transcontinentaux, les analystes anticipent une persistante croissance de la demande. D’autre part, le maintien de la réforme des 750 euros d’allocation touristique par an et le plafonnement des exportations de devises à 7 500 euros, bien qu’ayant pour but de réguler le marché, peinent à combler l’écart entre l’offre et la demande. Par ailleurs, la dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures rend le dinar vulnérable aux fluctuations des prix du pétrole et du gaz, et donc à l’évolution de ses réserves en devises. Si les cours de l’énergie baissent ou si l’inflation se maintient au niveau actuel, la dépréciation du dinar pourrait s’accentuer. A moins d’une réforme structurelle ou d’une amélioration notable de l’environnement économique, le taux parallèle pourrait légèrement croître durant l’été 2025.